Mes émotions

Elles sont à moi, ce sont les miennes. C’est ma colère, ma peur et mon amour.

Récemment, à la fin d’une écoute empathique avec une amie, je me sens brusquement envahi d’une vague d’amour.

L’écoute était magnifique, certes, d’une indicible profondeur, d’un magnifique accueil de l’un, de l’autre, et avec une belle résonance.

Mais je me sens perturbé par cette vague d’amour que je ressens soudainement… pour elle ? Est-ce que cet amour que je ressens est vraiment dirigé vers elle, suis-je en train de tomber amoureux ? Car je crois que ça peut arriver n’importe quand, n’importe ou, même si on est déjà en couple.

Me voilà dans le flou… Je me redresse sur ma chaise, je ferme les yeux, j’essaie de revenir à la présence… Des images me viennent, et c’est elle qui apparait… Puis elle est rapidement remplacée par la femme de ma vie, ma compagne… Ah, me voilà rassuré, il y avait bien erreur, et l’amour que j’ai cru ressentir POUR elle, était en fait pour ma compagne. Ouf !

J’ai été touché de l’espace que nous nous sommes offert, de l’intimité de cette écoute, et c’est pour ça qu’un instant j’ai cru « tomber amoureux », disons que j’ai ressenti du trouble…

Et puis presque aussi rapidement, l’image de ma compagne s’en va… je la laisse partir, je laisse venir ce qui se passe en moi, et il n’y a plus que l’amour.

Et alors je comprends une chose, corporellement, que j’avais jusque là tenu au niveau intellectuel : cet amour est l’amour qui jaillit en moi, qui s’exprime en moi. Bien sûr, certains.nes déclenchent plus facilement cet amour que d’autres, pas sûr que le voisin (oui, celui qui braille sur ses enfants) aie le même effet sur moi.

Mais c’est bien chez moi que ça se passe, ni chez mon amie empathique, ni chez ma compagne…

Et je pourrai tout aussi bien ressentir cet amour surgir en discutant avec un arbre.

Waouh ! Quelle cadeau ! Quelle compréhension…

Quelques jours plus tard, à la faveur d’une lecture inspirante que vous retrouverez ici, je constate également par l’expérience, en le vivant corporellement en même temps que je lis (si si, c’est possible), que ma colère, lorsque j’en ressens une, m’appartient. Si quelqu’un me met en colère, c’est que la colère est déjà présente quelque part en moi, et représente certainement une part qui est en colère contre une partie de moi.

Cette personne « énervante » ne fait qu’activer cette part, rien de plus.

Sois en paix avec toi et tu seras en paix avec le monde…

Bouddha, un jour ou il transmet son enseignement à ses disciples, reçoit une visite. Cette personne est folle furieuse et insulte le maître, qui ne réagit pas. Les quolibets fusent ainsi que les noms d’oiseaux. Devant la non-réaction, cette personne repart. L’un des disciples s’étonne alors :
– maître, cette personne vous a insultée, vous, le Bouddha, et vous n’avez pas réagi ?
– non, il est venu avec sa colère et je ne l’ai pas prise, il est reparti avec.

Je trouve que cette histoire illustre bien que nos émotions s’expriment à travers nous et nous appartiennent.

Si vous commandez une paire de chaussures sur internet, et qu’il y a une erreur sur la taille à la livraison, vous renvoyez le colis n’est-ce pas ? Et bien c’est le même principe lorsque quelqu’un veut vous faire cadeau de sa colère.

Dans le quotidien, ce n’est pas toujours facile, loin s’en faut.

Mais c’est quelque chose qui peut se muscler, avec de la pratique.

C’est à chaque fois revenir à soi. Qu’est-ce que cette colère que je ressens en moi dit de moi ? Tous les « énervants » sont autant de miroirs de nous même, qui nous permettent d’aller voir ce qui se joue en nous et autant de cadeaux.

Sois le changement que tu veux voir dans le monde, disait Gandhi. A vrai dire, je ne connais pas de parole plus sage.

Tous ce que je ressens me concerne.

Dans ce livre de Christian Junod évoqué plus haut, il parle de reprendre sa télécommande.

Voilà une image qui me parle encore. Lorsque je laisse l’autre me mettre en colère, me rendre triste ou même heureux, je lui laisse la télécommande de ma vie. Je me place en victime, et je lui donne la place de bourreau, qu’il s’empresse de prendre. Il a alors tous loisir d’appuyer sur le bouton qui l’amuse et de regarder le spectacle.

La méditation Vipassana apprend à exercer ce muscle, à ne pas réagir, et à ne pas commenter ce qui se passe. Une sensation est… une sensation !

Et j’aime l’idée de reprendre progressivement la télécommande de ma vie !

Belle journée à vous