Je me demande parfois si accompagner l’autre, ce n’est pas d’abord s’accompagner soi.
J’ai entendu dans les milieux de l’école qu’on enseigne souvent plus facilement ce qu’on a besoin d’apprendre.
Aussi, dans les milieux de la communication non violente, j’ai souvent constaté qu’on y rencontre beaucoup de gens qui ont avant tout besoin d’attention et d’écoute.
Je fais moi-même un retour sur pourquoi j’y suis venu, et je vois bien que c’était avant tout pour trouver un moyen de me sentir plus écouté, plus considéré, et pour qu’on fasse attention à moi.
Je suis alors entré dans la « phase exécrable », bien connue de ceux qui ont démarré la CNV il y a quelques années, et ou, tout content d’être conscient de ses propres besoins, on croit alors que les autres doivent les combler, à tout moment… Et on devient totalement exécrable envers les autres… et envers soi-même ! Mais j’y reviendrai.
En clair, je me demande parfois si lorsque j’ai envie de diffuser la communication non violente, c’est n’est pas d’abord à moi que ça sert.
Tout jeune, j’ai rapidement vu que j’avais du mal à m’intégrer dans le monde, du mal avec les autres, du mal à me faire entendre etc…
Lorsque j’animerai un atelier de CNV, je voudrais avoir l’attention à mon intention.
Est-ce que c’est uniquement pour offrir à d’autres ce qui m’a moi-même apporté de la douceur, ou est-ce que c’est aussi pour me guérir moi-même…
De la même façon, lorsque j’accompagne quelqu’un, est-ce que ce n’est pas d’abord l’enfant blessé en moi que je chercher à guérir à travers l’autre ?
Lorsque je dis avec force à mes élèves, que sortir du triangle bourreau-victime-sauveur, c’est reprendre la télécommande de sa vie, est-ce que je ne m’adresse pas à moi avant tout ?
Sûrement est-ce important de le voir clairement, et de ne pas me mentir.
Oui, j’ai envie d’offrir aux autres ce qui m’a aidé, mais aussi, je vois bien que ce que je conseille aux autres s’adresse avant tout à moi.
Je suis passé par des moments où je me disais que je n’allais pas vers l’animation d’ateliers CNV pour des bonnes raisons, que je ne le faisais que pour moi, ou que pour l’argent.
En fait, je crois que j’ai besoin d’être plus holistique que ça, d’élargir, et de remplacer les « ou » par des « et ».
Je le fais à la fois pour les autres, mais aussi pour moi et pour ce que je comprends de moi à travers l’autre, et ça c’est magnifique.
Ça veut dire que j’apprends en apprenant, j’intègre en proposant, avec et par l’autre.
Voilà un beau cadeau que je peux me faire, et qui servira peut-être les autres !
Namaste