Et moi et moi et moi
« Un égoïste, c’est quelqu’un qui ne pense pas à moi. »
S’oublier ou ne pas s’oublier.
J’ai été très éclairé sur le sujet récemment.
Thérèse de Lisieux est venue à mon secours. J’ai appris dans un podcast que tout ce que voulait cette femme aujourd’hui canonisée, c’est être plus heureuse !
Voilà ce qu’on pourrait hâtivement taxer d’égoïsme.
Et ce qu’elle a rapidement compris (à 4 ans ?) c’est que c’est en s’oubliant pour s’occuper des autres, qu’on se rend heureux…
Voilà qui remet en question bon nombre de mes croyances, que penser à soi ce n’est pas penser aux autres, et d’autres choses du genre.
Je fais également un lien avec l’authenticité offerte à l’autre. Si j’exprime vraiment qui je suis à l’autre, je lui offre le cadeau de cette authenticité, de cette transparence. L’autre peut alors vraiment entrer en amitié avec moi, et j’aime beaucoup cette définition de l’amitié qui donne la personne amie comme un soutien pour moi à être dans la plus grande justesse possible.
Aimer l’autre, ce n’est pas participer à son mensonge. Une véritable amitié ou un véritable amour passe donc par celui ou celle qui sait me dire quand mes comportements ne sont pas ajustés, qui est dur avec les faits et doux avec la personne.
Mais si je me cache, si je joue un rôle, si je cherche constamment à séduire, dans une sur-adaptation au monde que j’ai transformé en expertise de la séduction, alors je ne m’offre pas cette possibilité de la critique constructive de l’autre, je me prive d’un cadeau.
Être authentique au final, c’est se faire un cadeau.
Dire qui on est, se connaître, dire ce qui nous traverse est au fond l’inverse de l’égoïsme.
Car aussi me connaître, c’est prendre soin de moi, c’est savoir ce qui est important pour moi, c’est connaître mes besoins, et donc les prendre ne charge, c’est éviter d’être dans un état de manque permanent, qui pourrait me pousser à me poser en victime : c’est toujours la faute de l’autre (ma compagne, mon patron, mon collègue, mes enfants ou Emmanuel Macron) qui est responsable de mon malheur.
C’est vraiment reprendre son pouvoir, reprendre la télécommande de sa vie.
Voilà beaucoup de choses.
Je vois dans ma localité, dans ma vie, à quel point je ne me suis pas pris suffisamment en compte ces derniers mois. Et à quoi ça m’amène.
Je repense maintenant à ce que disait un formateur CNV : je me méfie des personnes qui ne font les choses que par politesse, et qui s’oublient totalement. Si vous écoutez ce que je dis dans une formation, un stage, bien sagement et uniquement par politesse, vous allez finir par m’en vouloir.
J’en fais la difficile expérience dans ma vie actuellement. J’en veux à l’autre de ce que je ne me suis moi-même pas pris en compte, de ce que je ne me suis pas autorisé à dire, tout occupé à mon rôle de séducteur…
J’en fais la magnifique expérience, car elle me permet de découvrir à quel point ce rôle est couteux en énergie, et à quel point je n’ai justement plus d’énergie à mettre là dedans.
A quel point quelque part, je fais le choix de préserver mon énergie et de ne plus jouer de rôle.
Le cadeau est aussi dans l’intégration d’un part d’ombre, aidé par la méthode proposée par Christian Junod, lui même inspiré de Peter Koening et j’arrive à cette phrase : je suis égoïste et c’est bon, je peux être tourné vers les autres sans m’oublier ET en m’oubliant. J’adore !
Enthousiasmant, et flippant ! Car qui suis-je ? et pour ça, il va me falloir une chose, faire l’expérience de moi-même…
Jung disait que le plus terrifiant pour un être humain, c’est d’être totalement lui-même.
Et j’ai vraiment très peur.