Plus rien
Et s’il n’y avait plus rien à faire, plus rien à tenter, plus rien à rattraper.
Juste à regarder.
Et si mon ami lorsque que tu me parles de cette douleur, si je n’avais juste qu’à l’entendre.
Et s’il n’y avait qu’à regarder ce qui passe.
Et si on prenait le temps de voir, de sentir.
Est-ce que l’angoisse, la peur, le désespoir, la colère, toutes ces émotions qui nous font peur (car on a souvent peur d’avoir peur, peur d’être trop en colère), est-ce que ces émotions peuvent juste être regardées, pour ce qu’elles sont, des émotions…
Ces jours-ci, je m’emploie à ne rien faire, et c’est du boulot, croyez-moi.
C’est s’arrêter souvent, et ne rien faire, le plus longtemps possible. C’est regarder. Non pas dehors, pas plus regarder les arbres que ces gamins qui jouent ou ces voitures qui passent, ce n’est pas regarder tout ça, c’est regarder la vie passer. Ce n’est rien regarder en particulier, et tout regarder en même temps.
S’asseoir et attendre.
Ces jours-ci, lorsqu’une angoisse monte, je m’assois et j’attends. Sans rien faire, surtout sans rien faire. Sans me dire que ça va passer, ça, ce serait encore faire quelque chose.
Sans chercher à me détendre, ce serait aussi faire. Non. Rien. Rien du tout.
Comme s’il n’y avait plus rien à faire, comme si tout était perdu.
J’aime cette idée que tout soit perdu, que rien n’est à rattraper, tout est juste à observer.
Sans commenter, ou alors le moins possible.
Et si finalement, accompagner quelqu’un, est-ce que ce ne serait pas vraiment rien faire, rien faire du tout. Écouter, tout juste avoir l’action d’acquiescer, mais pas plus.
Ces jours-ci, je m’accompagne moi. Et ce qui m’aide le plus, c’est de ne rien faire pour moi.
J’apprends à m’occuper de moi.
J’ai le mot de vacance à l’esprit. Je suis en vacance. En vacance de moi même.
Il n’y a plus quelqu’un pour s’occuper de mon problème, pour lui donner de l’importance, non, il y a juste une présence. Rien d’autre.
Lorsque je m’arrête, j’attends que le mouvement reparte de lui-même, sans savoir quelle sera ce prochain mouvement. Et il est toujours juste.
Il y a là l’idée de remettre à plus grand que soi, de lâcher le tout, de laisser l’univers, l’espace, Dieu, le divin prendre les choses en charge. Cesser de croire qu’on fait vraiment quelque chose.
Lorsque que tu ne sais plus quoi faire, alors ne fait rien. Attends. Laisse le temps à ton âme de te rejoindre.